"De profundis" d'Oscar Wilde
Bouteille jetée par Alex , dimanche 17 mars 2013 17:43
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Jude Law & Stephen Fry (Alfred Douglas & Oscar Wilde dans Oscar Wilde) |
"I am one of those who are made for exceptions, not for laws." (Oscar Wilde, De profundis)
Joyeuse Saint-Patrick !
Pour l'occasion, "Un mois, un extrait" prend ce mois-ci les couleurs de l'Irlande en mettant à l'honneur Oscar Wilde, l'un de mes auteurs fétiches qui fait partie avec James Joyce des plus célèbres auteurs irlandais.
Petite piqûre de rappel sur ce rendez-vous mensuel sur mon blog:
Qu'est-ce qu'"Un mois, un extrait" ?

Vous pourrez écrire votre propre article en invité. Aucune obligation de posséder un blog ou d'être un(e) grand(e) spécialiste en littérature. C'est surtout le partage qui compte qui que vous soyez et quelques soient vos goûts. Je suis toujours curieuse de découvrir de nouvelles choses, de nouveaux genres et c'est l'occasion !
"Dans les épisodes précédents", "Un mois, un extrait" a fait découvrir :
#1 : L'Idiot de Fiodor DOSTOÏEVSKI
#2: Le Problème de la souffrance. de C.S LEWIS
#3: La triste Fin du petit Enfant Huître et autres histoires de Tim BURTON.
#2: Le Problème de la souffrance. de C.S LEWIS
#3: La triste Fin du petit Enfant Huître et autres histoires de Tim BURTON.
#4: "Éclaircie en hiver" in Pièces de Francis PONGE
#5: "Un plaisant" in Le Spleen de Paris de Charles BAUDELAIRE
#6: Chardin et Rembrandt de Marcel PROUST
#6: Chardin et Rembrandt de Marcel PROUST
Vous pouvez retrouver l'intégralité des articles et leurs extraits dans la rubrique "Un mois, un extrait" en haut de page
L'extrait qui va suivre est tiré de la lettre écrite par Oscar Wilde à son amant Alfred Douglas, mieux connue sous le titre De profundis, écrite dans sa geôle dans la prison de Reading. C'est plus ou moins à l'identique le texte que j'ai dû traduire et commenter il y a deux ans à l'épreuve d'anglais de l'ENS de la rue d'Ulm. Une fois n'est pas coutume, je l'ai laissé tel quel en anglais ce qui restitue mieux l'expressivité de cette lettre.
Ces quelques lignes traduisent ce qui se joue dans l'expérience de la prison et de ses effets une fois sa libération acquise. L'imminence de la liberté telle qu'Oscar Wilde l'entrevoit, loin d'être idéalisée, est regardée en face non seulement pour la masse des inconnus incarcérés mais surtout pour celui qui, après avoir été réduit à n'être qu'un homme comme les autres parmi les gens du commun, ne pourra pas passer inaperçu une fois dehors. La satire sociale dénonce dans quel état d'abandon la société laisse les anciens détenus, sans égard au mal infligé.
Mais, Wilde fait forcément exception. Face à la destruction, la bêtise et la méchanceté du dehors, c'est par la création et l'art qu'il pourra atteindre sa véritable libération. Se reconstruire passe par là où l'artiste et l'homme qui a souffert, la perfection et l'imperfection ne feront qu'un.
Étrangement, ce témoignage sur l'expérience carcérale entre en résonance avec une programmation sur la prison toute une journée sur France Culture qui avait pour thème "24h en prison: Surveiller, punir... et après ?" et qui m'avait beaucoup touché. Si vous l'avez raté, et que le sujet vous intéresse, vous pouvez toujours podcaster les émissions de cette journée sur le site de France Culture, notamment un entretien avec Gabriel Mouesca, un militant indépendantiste basque qui a passé 17 ans en prison pour ses idées.
L'extrait qui va suivre est tiré de la lettre écrite par Oscar Wilde à son amant Alfred Douglas, mieux connue sous le titre De profundis, écrite dans sa geôle dans la prison de Reading. C'est plus ou moins à l'identique le texte que j'ai dû traduire et commenter il y a deux ans à l'épreuve d'anglais de l'ENS de la rue d'Ulm. Une fois n'est pas coutume, je l'ai laissé tel quel en anglais ce qui restitue mieux l'expressivité de cette lettre.
Ces quelques lignes traduisent ce qui se joue dans l'expérience de la prison et de ses effets une fois sa libération acquise. L'imminence de la liberté telle qu'Oscar Wilde l'entrevoit, loin d'être idéalisée, est regardée en face non seulement pour la masse des inconnus incarcérés mais surtout pour celui qui, après avoir été réduit à n'être qu'un homme comme les autres parmi les gens du commun, ne pourra pas passer inaperçu une fois dehors. La satire sociale dénonce dans quel état d'abandon la société laisse les anciens détenus, sans égard au mal infligé.
Mais, Wilde fait forcément exception. Face à la destruction, la bêtise et la méchanceté du dehors, c'est par la création et l'art qu'il pourra atteindre sa véritable libération. Se reconstruire passe par là où l'artiste et l'homme qui a souffert, la perfection et l'imperfection ne feront qu'un.
Étrangement, ce témoignage sur l'expérience carcérale entre en résonance avec une programmation sur la prison toute une journée sur France Culture qui avait pour thème "24h en prison: Surveiller, punir... et après ?" et qui m'avait beaucoup touché. Si vous l'avez raté, et que le sujet vous intéresse, vous pouvez toujours podcaster les émissions de cette journée sur le site de France Culture, notamment un entretien avec Gabriel Mouesca, un militant indépendantiste basque qui a passé 17 ans en prison pour ses idées.
Oscar WILDE - De Profundis
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Oscar Wilde |
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Alfred Douglas |
Still, in the very fact
that people will recognise me wherever I go, and know all about my
life, as far as its follies go, I can discern something good for me.
It will force on me the necessity of again asserting myself as an
artist, and as soon as I possibly can. If I can produce only one
beautiful work of art I shall be able to rob malice of its venom, and
cowardice of its sneer, and to pluck out the tongue of scorn by the
roots.
And if life be, as it
surely is, a problem to me, I am no less a problem to life. People
must adopt some attitude towards me, and so pass judgment, both on
themselves and me. I need not say I am not talking of particular
individuals. The only people I would care to be with now are artists
and people who have suffered: those who know what beauty is, and
those who know what sorrow is: nobody else interests me. Nor am I
making any demands on life. In all that I have said I am simply
concerned with my own mental attitude towards life as a whole; and I
feel that not to be ashamed of having been punished is one of the
first points I must attain to, for the sake of my own perfection, and
because I am so imperfect. »
Où se procurer De profundis ?
Vous pouvez lire cette lettre dans son intégralité en français dans son édition GF pour EUR 6, 65 et en langue originale pour EUR 3, 76.