Songe d'une nuit d'été
Bouteille jetée par Alex , mardi 5 juillet 2011 23:34
Son fer blessait le temps à chaque aube plus grise,Le vent heurtait la mort sur le toit de nos chambres,Le froid ne cessait pas d'environner nos cœurs.Ce fut un bel été, fade, brisant et sombre,Tu aimas la douceur de la pluie en étéEt tu aimas la mort qui dominait l'étéDu pavillon tremblant de ses ailes de cendre.Cette année-là, tu vins à presque distinguerUn signe toujours noir devant tes yeux portéPar les pierres, les vents, les eaux et les feuillages.Ainsi le soc déjà mordait la terre meubleEt ton orgueil aima cette lumière neuve,L'ivresse d'avoir peur sur la terre d'été.Souvent dans le silence d'un ravinJ'entends (ou je désire entendre, je ne sais)Un corps tomber parmi des branches. Longue et lenteEst cette chute aveugle; que nul criNe vient jamais interrompre ou finir.Je pense alors aux processions de la lumièreDans le pays sans naître ni mourir.
Yves BONNEFOY, Hier régnant désert, "Le bel été"