John Howe, l'Œil de Tolkien
Bouteille jetée par Alex , dimanche 26 août 2012 19:56
John HOWE, illustrateur. |
There &
Back Again. Un jour où l'autre, on revient à ses premiers
amours et les miens s’appellent Le Seigneur des Anneaux.
Il fallait bien un jour ou l'autre que je vous parle de ce Seigneur,
un vieil ami qui me suit depuis dix ans désormais. Il faut dire que
j'y reviens souvent, comme un « aller et retour » en
souvenir de ce jour de décembre 2001 où j'ai vu pour la première
fois des Cavaliers Noirs, l'incarnation même de ce qui fait peur. Du
moins, du haut de mes onze ans, j'ai eu la frousse de ma vie !
Il faut dire que plus le premier volet de Bilbo le Hobbit
approche (prévu pour le 12 décembre en salle, le jour de mon
anniversaire, qui dit mieux ?), plus j'y pense et moins je
l'oublie.
Alan Lee & John Howe |
Pour
varier les plaisirs,
je suis de plus en plus curieuse de ce qui s'est fait autour et
surtout des illustrations d'Alan Lee et John Howe. Du moins, ma préférence va pour le travail de John
Howe. Bien sûr, il y a un peu d'arbitraire dans ce choix tellement
ils sont complémentaires mais je préfère le coup de crayon de John
Howe qui (me semble t-il) donne toujours plus d'expressivité,
d'émotion et de mouvement aux personnages qu'il dessine.
Pour
moi, John Howe est comme l'Œil de J.R.R Tolkien : là où l'un
écrit et narre, l'autre voit et dessine comme si le mot et l'image
ne faisaient qu'un. C'est toujours intéressant de comparer ces deux
méthodes de création où l'un s'inspire bien sûr de l'autre mais
aussi où le travail de l'un n'est que le prétexte à l'exploration
de l'imagination de l'autre et de son propre univers.
Comme
les neuf compagnons de la Communauté de l'Anneau, j'aimerais vous
présenter neuf des illustrations de John Howe, inspirées de
l'univers de Tolkien et de ses œuvres, et qui m'ont elles-même
inspirées plus que les autres. J'ai délibérément laissé de coté
les plus célèbres comme le vestibule de Cul-de-Sac (qui est d'ailleurs mon fond d'écran) ou Gandalf le Gris sur un
chemin sous la pluie. Je vous invite d'ailleurs à aller visiter le site internet de John Howe très
complet et très envoûtant qui vous emmènera sans frais en Terre du
Milieu.
L'arrivée
imminente de Gandalf et de Pippin à Minas Tirith, la « Cité
Gardée », est assez merveilleuse dans le Retour
du Roi :
elle a lieu à l'aurore et la lumière qui domine ce clair-obscur est
assez surprenante pour attirer l’œil. C'est peut-être pour ça
que cette illustration m'a plus marquée que les autres. C'est
surtout la représentation du cavalier et de Gripoil que je trouve
impressionnante, plus que Minas Tirith un peu bâclée selon John
Howe (j'aimerai bien bacler aussi bien les choses). Quel mouvement !
On distingue à peine Pippin et encore moins le visage de Gandalf le
Blanc à tel point que, même chapeauté et reconnaissable comme il
est, toute cette blancheur donne presque l'impression que cavalier et
monture ne font plus qu'un.
Le
personnage de Boromir est l'un de mes préférés (avec son frère,
Faramir), peut-être l'un des plus complexes, le plus faillible de la
Communauté et le premier à être tenté par l'Anneau. Pourtant,
j'aime cette illustration qui lui donne un aspect très héroïque
comme l'est la scène de sa mort. J'aime beaucoup le cadrage et les
couleurs à dominantes très claires. Mais, ce que je préfère,
c'est le regard de Boromir à la fois pensif et déterminé comme est
la poigne de sa main sûre et pourtant blessée par
endroits. Force & faiblesse réunies. Et pour la petite histoire,
c'est un auto-portrait de John Howe : « I may have
missed a cameo in the movies (…) but at least I can still put my
face somewhere ».
Qui ne se souvient pas avec nostalgie de la rencontre des Hobbits
chez Tom Bombadil ? Même si ce n'est pas mon passage préférée
(toujours associé dans mon esprit aux créatures des Galgals qui est
un passage que je trouve un peu obscur), c'est un personnage riant et
lumineux, toujours synonyme de chansons et de bonne chair, ce qui
transparaît bien dans cette jolie illustration, très colorée. Il
faut dire que Bombadil est un personnage haut en couleur et on
retrouve d'ailleurs ses attributs : le bleu de son gilet et le
jaune de son chapeau, comme un rappel vers ses fameuses bottes
jaunes.
Beorn aussi est un personnage fascinant, et quelque part, la
rencontre avec Tom Bombadil fait pendant à celle de Beorn avec Biblo
& Co. Même si je ne m'imaginais ni Beorn, ni Bilbo ainsi (Biblo
ressemble trop à un être féerique, un lutin ou je ne sais quoi),
je trouve le déséquilibre entre la hauteur et la petitesse de deux
personnages assez rigolote pour être notée. J'aime beaucoup
l'attitude de Bilbo, mi-timide, mi-effrayée. On a souvent l'image
d'un Bilbon voyageur, presque intrépide alors que, digne du Hobbit
qu'il est, il est un peu peureux tout de même, quoique très
courageux quand il le faut.
Contrairement à l'illustration précédente, où Bilbon fait
moins « semi-homme » que lutin, j'aime beaucoup le
contraste avec Merry qui ressemble presque à un enfant. J'ai dit que
j'aimais John Howe pour l'expression de ses personnages et là, on en
a une preuve frappante ! La peur se lit sur son visage. Et
j'aime beaucoup le flou autour de lui mis à part les chevaux pour
montrer le mouvement des cavaliers qui met ainsi Merry au centre de
l'attention, au cœur de l'action.
J'aime plus que les autres ce portrait de Gandalf. Lui aussi est sous
la pluie que semble affectionner John Howe et il faut dire qu'il la
fait très bien. Regardez les gouttes qui tombent presque de son
chapeau ! Il y a beaucoup d'incertitude dans son regard et on a
pas souvent la chance de voir Gandalf sous cet angle, aussi près.
Amon Sûl, ou le Mont Venteux. Je suis assez conquise par la lumière
et les couleurs de cette illustration. Contrairement au film, où
l'image était très sombre, ici les couleurs sont chatoyantes. J'ai
un doute sur la saison exacte où se déroule les événements dans
la livre mais j'aime beaucoup ici y retrouver l'automne. Ca donne un
ton très nostalgique à cette scène puisque Amon Sûl est un
symbole (un peu comme les Argonath) pour l'héritier d'Elendil qu'est
Aragorn.
A première vue, cette illustration n'a rien d'extraordinaire. Nous
sommes à Minas Tirith durant une surveillance. C'est son titre qui
est assez bien trouvé « Watchful Peace » (sauf erreur
« une paix vigilante ») et qui donne à penser. En
apparence, tout est tranquille et pourtant, il y a comme l'attente
d'un danger. C'est comme ça que j'interprête ce drôle de
clair-obscur, cette trainée noir sur la montagne qui semble être en
continuité avec le noir du drapeau flottant à l'effigie de l'Arbre
Blanc du Gondor. Il faut dire que Minas Tirith est à l'ombre du
Mordor...
John Howe, "Boromir" |
At last but not least, cette magnifique illustration qui
représente de nouveau Boromir mais cette fois-ci sa mort. C'est
peut-être ma préférée de toute. L'image est tellement forte et
l'émotion est vraiment là. Rien que son regard fait froid dans le
dos... Et pourtant, il y a encore de la lumière en contre jour, qui
se reflète même sur la cotte de maille de Boromir, et qui donne un
aspect assez irréel à cette image. Entre deux mondes.
J'espère que ce voyage en Terre du Milieu vous a plu et que le
travail de John Howe vous a autant plu qu'à moi.